Watch The Throne: chanson par chanson

Les jours pairs de l’année, Jay-Z est mon modèle de vie. Les jours impairs de l’année, KanYe West est mon modèle de vie. Avoir des attentes envers Watch The Throne, le cd qui réunit ces Rois tout puissants du hip-hop, vous dites? Oh que si. Et on va le dire tout de suite: non l’album n’est pas aussi bon que Dark Fantasy. Et rien ne sera aussi bon que cette oeuvre complexe, artistique, avant-garde, raffiné et si bien réalisé avant un bon moment. C’est une oeuvre d’une vie, alors allez ranger My Dark Beautiful Twisted Fantasy à côté de Sergent Peppers, Thriller et autres Kid A.

Si un aura de Classic entoure Dark Fantasy, un aura EPIC entoure ce Watch The Throne. D’abord annoncé il y a 1 an comme un ep, cette aventure s’est tranformé en un cd, et maintenant une tournée, qui s’arrêtera à Montréal le 22 novembre, au Centre Bell. Ce cd est epic, dans la façon il a été concu. De Paris à Adu Dhabi en passant par l’Australie, l’enregistrement à été un long processus de production. Jay-Z insistait pour être en studio ensemble. Pas de trucs enregistrés séparés, pas de verses envoyés par emails. en janvier 2011, c’est dans un hôtel New-Yorkais que le tout s’est finalisé, avec des chambres un peu partout.

Watch The Throne a un aura d’epic, car il n’a pas été leaké avant sa sortie. Une rareté en 2011. La légende veut que rien ne s’envoyait par emails et qu’il y avait deux copies des démos. Une pour chaque prince, dans une clé usb attaché au chest de chaque. Ce n’est pas rien.

Et ce Watch The Throne est epic car il est bigger than big. Ricardo Tisci fait l’artwork. Ce designer, qui est sur toutes les lèvres, de Givenchy a une vision noire, bestiale et gothique du luxe. Un visionnaire à qui tout le mérite lui revient pour faire la pochette. Il est bigger than big, car la crème de la crème a participé à ce Watch The Throne: Beyoncé, The-Dream, Justin Verron, Elly Jackson, Mr. Hudson, Frank Ocean, No I-D, The Rza, Pharell Williams, Swizz Beats et Q-Tip.

Voici un survol, track per track, de ce gâteau sucré, qui après une dizaine d’écoute se digère plutôt bien.

No Church In The Wild (Feat. Frank Ocean)
Les claviers et le minimaliste des beats nous rappelle l’époque de 808 and heartbreak. L’opening track dit tout, on est en terrain connu, on fait ce qu’on fait de mieux. Ce No Chruch In The Wild vaut son pesant d’or grâce à KanYe et ses lignes de feux: Coke on her black skin, Make a stripe like a zebra, I call that jungle fever et surtout Two tattoos one read « No Apologies » The other said « Love is Cursed by Monogamy », It’s something that the pastor don’t preach, It’s something that a teacher can’t teach« .

Lift Off (Feat. Beyoncé)
Ultra-synthé et ultra-Béyoncé, cette chanson a des airs « space » et astral. On comprend pourquoi l’album a été écouté dans un planétarium en primeur. Une autre des forces de l’album, c’est le mélange des textures dans une même chanson. Après le décompte, les synthés s’éloignent et un beat plus jazzé s’installe avec la voix de Béyoncé en sampling. Beau jam.

Niggas In Paris
Le beat est très thug. Un peu comme quand Kanye décrivait son Graduation comme de la real black music. Ça aussi c’est de la real black music. La fin mélange le dubstep et de grichage sur une couche de piano pour addoucir le tout. Et on s’en fout de la référence à Blades Of Glory, KanYe spit que s’il était le Prince wiliam, il aurait marié Kate ET Ashley. Woah!

Otis (Feat. Otis Redding)
Une de mes préférées. Le sampling, very Gold Digger, est au service des mots de Kanye et Jay. Le point fort de l’idée d’un album commun entre deux rappeurs est là: se lancer la balle pendant 2 minutes et 58 secondes. POP THE CHAMPAGNE!

Gitta Have It
Belle production des Neptunes, qui sample de James Brown, mais qui a un je-ne-sais-quoi à la M.I.A. (NDLR: Dès que le beat se fait world beat, une référence à M.I.A. s’impose). Ils se lancent encore la balle (une ligne, un mc) et c’est justement ça qu’on veut entendre, et ça sonne bien.

New Day
Première faiblesse de l’album. Pas facile de sampler du Nina Simone et son Feeling Good, chanson qu’on a vu à toutes les sauces (autant au niveau des remix house qu’en cover). Le tout est trop mou, la prod par The RZA, les arrangements, le sampling, les flows.

That’s My Bitch
Seule chanson leaké, il y a quelque mois, elle met en vedette Elly Jackson de La Roux. La prod est de Q-Tip et le tout est rien de révolutionnaire, mais rien de mauvais. Shout out à KanYe qui rappe: « Seen by actors, ball players and drug dealers, and some lesbians that never loved niggas« .

Welcome To The Jungle
Le début rappelle Its all about the Benjamins de Puff Daddy et n’a aucun lien avec le classique de Guns n’ Roses. Une production de Swizz Beats, une de ses meilleures.

Who Gon Stop Me
De loin la meilleure chanson de Watch The Throne. Du dubstep à fond la caisse et en tourette, un sampling d’I Can’t Stop de Flux Pavillon. Faire du dubstep en 2011 n’est pas une mince affaire. Ce n’est plus edgy et le mouvement n’est pas encore mort, il est en pleine transformation. Mais ici, tout est bien dosé. La-dessus, ils sont harsh, ils sont bads, they killed it. BOOOM!

Murder To Excellence
Ma préférée #2. Le sampling de guitare et du « La La La » d’Indiggo est vraiment bon. La production de Swizz Beatz est très solide et encore une fois, les textures musicales changent pendant la chanson. Le beat change carrément comme si on écoutait une autre chanson. D’autres sampling, d’autres beats, mais même joint.

Made In America (Feat. Frank Ocean)
Pire chanson de l’album.

Why I Love You (Feat. Mr. Hudson)
Autre pièce forte de l’album. Jay-Z est très en forme ici, son flow est solide comme le roc. Ça se termine en rappant à la Run DMC, ou comme un vieux couple: en finissant les phrases de l’autre. Beat lourd et énergique, presque dubstep, ou plutôt du post-dubstep. Ce beat gras se transforme en violons pendant que Jay et Kanye rappent mieux que jamais.

Illest motherfucker alive
Première chanson bonus, rien d’énervant, rien de mauvais. beat de thugs avec du piano. Remarque: la chanson commence après 3 minutes de silence, comme si c’était une chanson caché.

H*A*M
Premier single officiel, H*A*M est finalement devenu un bonus track. Pas étonnant, ce single n’a pas vraiment impressioné. Pas mauvais, mais rien à voir avec le cd. On est surtout déçu, car Kanye a tellement travaillé avec des arrangements de violons, d’orchestre et d’opéra dans sa carrière. Ici, le sampling est facile et déjà vu. Rien à voir avec ce que Kanye a déjà fait sur Late Registration.

Primetime
La meilleure des bonus tracks. Produit par No I-D, le old school rencontre collage musical et gunshots. Jay-Z rappe super bien et des beats aussi cool, on en veut à la pelle!

The Joy (Feat. Curtis Mayfield)
Bonus déjà connu, c’était un des #goodfridays. Ce hashtag a prouvé qu’on peut vraiment faire de la promo monstre sur Twitter et distribuer de la musique gratuite sur le web. Chapeau Mr. West.

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